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Date de mise à jour: 2011/04/07
Condensé de la question
Quel est l’avis de l’Imam Khomeiny au sujet du nationalisme ?
Question
J’ai entendu que l’Imam Khomeiny avait dit : « Nous n’adorons pas l’Iran. Nous adorons Dieu ; car le patriotisme est une autre appellation de l’athéisme. Je dis que laissez cette terre (l’Iran), soit brûlée, disparue. Cependant, l’Islam surgira, triomphalement, dans le reste du monde ». (Le quotidien américain, la partie portant sur la « catastrophe en Iran », par Amir Taheri, page 269, cité par le nid d’espionnage (l’Ambassade des Etats-Unis, à Téhéran), Qom, 1980). 1- Est-ce que cela a été dit par l’Imam Khomeiny, lors d’un discours en 1980, à Qom ? 2- Quel est l’avis de l’Imam Khomeiny au sujet du nationalisme ?
Résumé de la réponse
Nous avons des sources crédibles telles que  Sahifeh-ye Nour (le Livre de la Lumière), et Sahifeh-ye Imam, qui incluent l’ensemble des discours, des propos, des déclarations, des interviews et des lettres de l’Imam Khomeiny ; mais n’avons pas trouvé une pareille chose. Donc,  le texte susmentionné qu’on a attribué à l’Imam Khomeiny est sans fondement et dépourvu de toute validité.
Le nationalisme est fondé sur le fait de légitimer l’existence des communautés nationales et raciales. Le nationalisme divise la communauté humaine en des communautés indépendantes et restreintes, et ce en fonction des frontières géographiques avec des éléments tels que la race, la langue, l’histoire, etc. le nationalisme contraint les individus d’une communauté nationale à considérer comme étant étrangers les gens qui sont en dehors de cette communauté. Ils pourraient, même, avoir une prise de position hostile les uns envers les autres. L’Imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis), est contre une telle lecture du nationalisme qui donne lieu à la discrimination raciale, et à la suprématie ethnique et linguistique ; car ce type de pensée est en contradiction avec les enseignements religieux. Il apprécie l’ethnie, l’amour pour la patrie et les sentiments purs de  nationalisme tant que tout cela ne se dresse pas, sous la forme d’une idéologie, contre l’Islam. L’Imam Khomeiny n’accepte le nationalisme que dans le sillage des enseignements de l’Islam. C’est en s’appuyant sur un tel principe, qu’il a souligné que la défense de la patrie était la première des obligations. Il n’a eu cesse d’insister sur la nécessité de préserver et de maintenir l’intégralité et la souveraineté du pays.
 
Réponse détaillée
[1]Nous avons des sources crédibles telles que  Sahifeh-ye Nour (le Livre de la Lumière), et Sahifeh-ye Imam, qui incluent l’ensemble des discours, des propos, des déclarations, des interviews et des lettres de l’Imam Khomeiny ; mais n’avons pas trouvé une chose. Donc,  le texte susmentionné qu’ont attribué à l’Imam Khomeiny est sans fondement et dépourvu de toute validité.
Avant d’expliquer l’avis de l’Imam Khomeiny concernant le nationalisme, nous nous pencherons sur la définition du nationalisme.
Etymologiquement parlant, le nationalisme est issu du terme « nation »,  de la langue française. 1 Le nationalisme est une sorte de prise de conscience collective ; c’est-à-dire une prise de conscience par rapport à l’appartenance à une nation. On appelle cela, la prise de conscience nationale. 2[2] la prise de conscience nationale donne naissance, souvent, au sentiment de loyauté, d’enthousiasme et d’attachement des individus aux éléments constituant la nation (race, langue, traditions, us et coutumes, valeurs morales et en générale, culture). Parfois, le nationalisme conduit les gens à les commémorer, exagérément, et à croire à la suprématie de ces éléments ostentatoires par rapport à ceux d’autres nations. Chaque nation possède son propre territoire. Partant de là, la loyauté vis-à-vis de son territoire et l’acte de sacrifie et de dévouement affichés pour le défendre, le sauvegarder et l’honorer, constituent l’un des fondements du nationalisme. Le nationalisme est une idéologie qui considère l’Etat-nation, comme la plus importante forme de l’organisation politique et estime que le combat nationaliste est destiné à sauvegarder cet Etat-nation et à le protéger contre les agressions étrangères. La croissance du nationalisme a marqué une période de l’histoire où les nations ont émergé sous la forme des communautés politiques indépendantes et  le principe de la souveraineté nationale a été reconnu. Une période s’est étalée en Europe du 17ème jusqu’à la fin du 19ème siècle et en Asie et en Afrique, cela a marqué, surtout, la deuxième moitié du 20ème siècle. La période de la croissance du nationalisme est baptisée la période du réveil national, et elle fut conjuguée en Asie et en Afrique avec le mouvement anticolonialisme.3[3]
Islam et Nationalisme
Le fondement du nationalisme repose sur le fait de légitimer l’existence ces communautés nationales et raciales. Le nationalisme divise la communauté humaine en des communautés indépendantes et restreintes, et ce en fonction des frontières géographiques avec des éléments tels que la race, la langue, l’histoire, etc. le nationalisme contraint les individus d’une communauté nationale à considérer comme étant étrangers les gens qui sont en dehors de cette communauté. Ils pourraient, même, avoir une prise de position hostile les uns envers les autres. Le nationalisme ne s’adresse pas à l’humanité toute entière, il s’adresse aux communautés nationales. L’objectif final est d’instaurer les communautés nationales et non pas la communauté mondiale.  À l’opposé de cela, l’Islam s’adresse, de par sa logique idéale, à la communauté humaine tout entière, et considère toute l’humanité comme un corps unique. Le système, proposé par l’Islam, n’est pas destiné à une nation, une race ou une région particulière, mais, à la communauté humaine tout entière. Ceux qui admettent ce système sont considérés comme étant égaux et jouissent des mêmes droits et obligations en termes de culte, de politique, d’économie et de vie sociale.  L’objectif final est d’établir «  une société fondée sur l’Unicité », une société qui fait disparaître les restrictions issues des frontières géographiques et des contraintes raciales, linguistiques et culturelles. L’Islam bannit la séparation des êtres humains en fonction du critère du sang et du sol dans les communautés nationales et raciales. L’unique critère duquel tient compte l’Islam pour valoriser et glorifier les gens, c’est celui de la vertu, de la foi, de la conviction, de la croyance et de l’œuvre bonne. 4[4]
Aucun des enseignements de l’Islam n’est pas marqué par l’empreinte de la couleur et la trace du nationalisme ni celles de  l'éthnicisme et d’une race particulière. Au contraire, tous les critères, auxquelles est attaché l’Islam, se distinguent par leur aspect universel et portent sur l’état d’esprit de l’être humain. Contrairement au Nationalisme, l’Islam sonde aux concepts universels et présente son message pour l’humanité tout entière.  L’Islam condamne la vision à courte vue qui se limite à un petit espace de l’ethnie et de la tribu. L’Islam appelle à la promotion et à la transcendance de toute l’humanité. L’Islam recommande le vrai et la vérité, car le vrai et la vérité n’ont jamais eu une couleur nationale, ethnique ou raciale. Il s’agit d’un fait absolu qui ne se borne à aucun confinement ni ethnie. Par conséquent, quiconque, quelle qu’en soit sa nationalité, qui se tourne vers le vrai et la vérité, a sa place dans la société envisagée et souhaitée par l’Islam. En principe, tout comme la science n’appartient à aucune ethnie ou nation particulière, la vraie religion aussi n’appartient à aucune nation ou groupe particulier.
Nationalisme dans l’optique de l’imam Khomeiny
Dès le début du Mouvement islamique, la pensée de l’imam Khomeiny était fondée sur l’idée de l’unité islamique et une vision articulée autour de l’Oumma islamique et des questions relatives au monde musulman. Il suivait, parallèlement,  les intérêts de l’Islam et des Musulmans ainsi que les intérêts nationaux. Son principal souci était de résoudre, prioritairement, les problèmes auxquels était confronté le monde musulman. La vision de l’imam Khomeiny envers l’ethnie, la nationalité et la pensée transnationale se distinguait par une subtilité et une finesse particulières. Il appréciait l’amour pour l’ethnie et la patrie ainsi que les sentiments nationalistes purs, tant qu’ils n’étaient pas dressés contre l’Islam. 5[5] Il estimait que l’Islam était venu pour dissiper et éliminer les discriminations et que cette religion n’accorde à aucun groupe une caractéristique particulière : «  L’Islam authentique condamne toutes les discriminations et n’accorde à aucun groupe une caractéristique particulière. La foi, la vertu et l’engagement vis-à-vis de l’Islam, sont le seul critère de la dignité des êtres humains et c’est dans le cadre de l’Islam et de la République islamique que le droit de la gestion des affaires intérieures et locales, ainsi que la  mission de l’élimination toutes sortes de discriminations culturelles, économiques et politiques sont confiés à toutes les couches de la nation ». 6   [6]
À une autre occasion, l’Imam Khomeiny( que sa demeure soit au paradis), décrit le caractère antiraciste des enseignements de l’Islam et dit : «  l’Islam est venue pour dire que toutes les races sont égales, et aucune d’entre elles n’a de supériorité par rapport aux autres, que ce soit des Arabes, des non Arabes, des Turcs, des Blancs, des Noirs, aucune de toutes ces races-là n’est supérieure à l’autre. La supérieur provient de la vertu, de la foi et de l’engagement ». 7[7]
Par conséquent, la suprématie ethnique et raciale, qui représente l’une des principales raisons de l’éclatement des divisions, des conflits et des guerres sanglants, est bannie et rejetée, du point de vue de l’Imam Khomeiny ; car cela est contraire à la paix et au fondement de l’invitation lancée par les Prophètes : « Ce qu’ils insistent, c’est que nous ne soyons pas unis et frères. Les Musulmans, là où ils se trouvent, sont constitués de diverses composantes et formes ; l’une d’entre elles, c’est le nationalisme. Il y a ceux qui disent, nous sommes le peuple perse ; il y a ceux qui disent, nous sommes le peuple arabe, et il y a ceux qui disent nous sommes le peuple turc. Ce type de nationalisme veut dire que tout pays, toute nation s’exprimant dans une langue particulière se dresse contre les autres pays et les autres peules qui s’expriment dans d’autres langues. C’est ce qui perturbe le fondement et le principe de l’invitation lancée par les Prophètes ». 8[8]
L’Imam Khomeiny estime que c’est le colonialisme qui se trouve derrière le nationalisme et l’ethnocentrisme et qui cherche à piller les ressources et les richesses des pays islamiques : «  Il s’agit d’une propagande, qui tente de dire que ceux-ci sont les Arabes, ceux-là sont les Perses, les Turcs ou les Kurdes…, vise à permettre aux Colonialistes de piller les ressources de ces pays, en divisant les Musulmans ». 9[9]
Donc, ce type de nationalisme, à connotation négative et nocive, qui cherche à assurer la suprématie ethnique, linguistique, raciale est inacceptable du point de vue de l’Imam Khomeiny ; car une telle pensée n’a d’autre conséquence que de diviser les nations et elle  est contraire aux enseignements religieux. À une autre occasion, l’Imam Khomeiny tient un discours dans lequel il souligne que l’unité des Musulmans est la clé du progrès et que le nationalisme est à l’origine des maux des Musulmans, car il est l’instrument de domination des Colonialismes : «  Le nationalisme est à l’origine des maux des Musulmans. Ce type de nationalisme dresse le peuple iranien contre les autres nations musulmanes… Ce sont les desseins que les Colonialistes ont fomentés et conçus pour que les Musulmans ne soient pas unies et solidaires ». 10[10] L’Imam Khomeiny n’admet le concept du nationaliste et de la nationalité que dans le cadre de l’Islam et ses enseignements. Partant de là, il considère comme l’une des obligations de défendre la patrie. Il n’a eu cesse d’insister sur la nécessité de préserver l’unité et la cohésion et l’intégrité du pays : «  Nous admettons la nation et son sacrifie pour défendre la patrie dans le cadre de l’Islam. Nous admettons le concept de la nation dans le format des enseignements de l’Islam. La nation, c’est la nation iranienne; pour cette nation, nous faisons preuve de toutes sortes de sacrifice et de dévouement ; mais tout cela dans le cadre de l’Islam. Il ne faut pas que cela se limite au concept de la nation. Les limites de la nation sont définies par l’Islam. L’Islam aussi le confirme. Il faut préserver l’Islam et les pays islamiques. Il incombe à tous de défendre les pays islamiques et cela fait partie des obligations religieuses. Nous ne devons pas mettre de côté l’Islam et crier au nationalisme et au paniranisme.    11[11]
Cependant, l’Imam Khomeiny approuve le nationalisme dans le sens où il signifie d’adorer sa patrie, sa terre et son peuple, tout en considérant les autres comme ses semblables à être respectés et aimés : « l’amour de la patrie et de ses habitants et la préservation de son intégrité territoriale sont une chose tout à fait acceptable et appréciable ». 12[12] En outre l’Imam Khomeiny est favorable au nationalisme dans le sens où il surgit sous la forme des velléités indépendantistes et se manifeste dans le cadre des mouvements nationaux de libération pour faire face aux puissances colonialistes et arrogantes. Par contre, l’Imam Khomeiny rejette le nationalisme occidental qui, ayant une origine raciste, qui tente de séparer les êtres humains, les uns des autres, qui a abouti à l’émergence des idéologies restrictives et conflictuelles, qui n’a défendu que les intérêts d’un groupe particulier et qui n’a eu d’autre résultat que la violation des droits des êtres humains. L’Imam Khomeiny était contre ce type de nationalisme qui avait été fomenté, concocté et propagé par les Colonialistes pour créer des divisions au sein des Musulmans. Un tel nationalisme qui divise et creuse l’écart entre les Musulmans et les croyants est contraire à l’Islam, et aux intérêts des Musulmans. C’est une ruse des étrangers de laquelle souffrent l’Islam et les Musulmans ». 13[13]
 

[1] Tolouei, Mahmoud, “Dictionnaire politique global”, p.872, Téhéran, Éditions Bita, 1993.
[2] Aqa Bakhshi, Ali, “ Dictionnaire de la Science politique”, p.379, Téhéran, Centre d’Information et de Documentations scientifiques d’Iran, 1995.
[3] Ashouri, Darius, “Encyclopédie politique”, p.329, Téhéran, Éditions Morvarid, 1994.
[4] Darvishpour, Hojatollah, “ Examen du phénomène du nationalisme dans le monde arabe, p.47, Téhéran, Centre de Publications et de Propagation de l’Organisation de la propagande islamique, 1995.
[5] Tebyan, “ l’Origine ethnique, la nationalité et la pensée transnationale du point de vue de l’Imam Khomeiny”, l’Institut de compilation et de publications des œuvres de l’Imam Khomeiny, 2006.
[6] Sahifeh-ye Imam, t.13, p.56, message adressé aux sœurs et frères kurdes,  17/11/1979.
[7] Idem, t.13, p.88, discours devant les membres du Congrès de Libération de Qods,
[8] Idem, t.15, p.471, discours devant diverses couches du peuple à l’occasion de la semaine de l’unité,
[9] Idem, t.5, p.187, interview datée du 07/12/1978.
[10] Idem, t.13, p. 88, discours devant les membres du Congrès de Libération de Qods, le 9 août 1980.
[11] Idem, t.10, pp.123-124, discours devant les membres du Comité des Fatimyouns, le 26 septembre 1980.
[12] Idem, t.13, p.209.
[13] Idem, t.13, p.209.
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