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A propos de la question posée, il faut dire qu'aucun hadith de ce genre n'a été trouvé dans les sources de hadiths. Quant à l'autre volet de la question portant sur la nature de la philosophie, il faut dire que cette notion a plusieurs définitions, entre autre: la philosophie est une science qui s'intéresse à la nature de l'être en tant que tel ou à la nature des êtres en général. En ce qui concerne la dernière question, le fait de traiter la philosophie de mauvaise n'est pas généralisé. On remarque juste que tout au long de l'histoire de la science des gens se sont opposés à la philosophie. Dans un livre Tefaha al Falasafa, Ghazali fait des critiques sur la philosophie, des critiques qu'Ibn Roushd réfute dans « Tefaha al Tefaha ». Ghazali estime que la plupart de ces critiques proviennent des contradictions entre les religions, les thèmes et les fondements de la philosophie. Or tel n'est pas le cas. Le grand philosophe comme Molla Sadra précisent qu'il n'existe aucune contradiction entre la philosophie et les principes religieux. Nous ne devons donc pas rejeté la philosophie, nous devons au contraire bien l'apprendre pour mieux comprendre la religion.
A propos de la 1ère partie de la question, nous n'avons trouvé dans les ouvrages aucun hadith avec un tel contenu: c'est bien si celui qui pose la question apporte la source d'où il cite le hadith afin de mieux y mener des recherches. Mais à propos du 2ème volet de la question, il faut dire que plusieurs définitions ont été fournies sur la philosophie et celle-ci semble la plus complète: "la philosophie est une science qui s'intéresse à la nature de l'être en tant que tel ou à la nature des êtres en général, la philosophie est l'ensemble des questions et des notions tournant autour de l'être en tant que être"[1] Quant au dernier volet de la question sur la raison pour laquelle la philosophie est considérée comme mauvaise, il faut rappeler que cette opinion n'est pas générale. Il faut seulement chercher à savoir pourquoi certains s'opposent à la philosophie. Pour diverses raisons certains ont une attitude critique contre la philosophie. Mais la réticence et la critique des savants musulmans neutres portent en réalité sur l'ensemble des doctrines philosophiques en vogue dont certains ne sont pas compatibles avec la religion. Et même s'il existe un hadith fiable sur la condamnation de la philosophie, on doit l'interpréter dans ce sens. Par ailleurs lorsque nous parlons de la philosophie nous ne voulons pas dire que tous les courants et doctrines sont justes. Nous considérons les efforts philosophiques comme le recours à la raison et au discernement pour résoudre un problème qui ne trouve de solution qu'avec la méthode rationnelle. Les versets et les hadiths insistent d'ailleurs sur la nécessité de procéder ainsi qu'on est face à ce genre de problème: comme par les démonstrations sur l'unicité et l'eschatologie figurant dans le coran et la sunna.[2] Nous allons évoquer un peu les arguments de ceux qui sont contre la philosophie. L'une des raisons pour lesquelles certaines sont contre la philosophie est que si elle apportait des solutions et si elle était utile, pourquoi les philosophes divergent-ils d'avis. En d'autres termes, la divergence qu'on remarque entre les philosophes est le meilleur argument contre la philosophie car cela remet en cause leur méthode.
Les partisans de la philosophie répondent ainsi à cette objection: il existe des divergences sur les questions théoriques dans toute science. Cela est récurrent chez les mathématiciens par exemple. Cela ne veut pas pour autant dire que si deux personnes ont deux visions différentes sur une question mathématique, on doit remettre en cause toutes les mathématiques. Ce genre de divergence participe plutôt à apporter plus de motivations pour que les spécialistes en la matière débouchent sur un résultat plus fiable.[3]
L'une des raisons pour lesquelles certains sont contre la philosophie est que les affirmations des philosophes sont contre la religion. Ghazali fait partie des détracteurs de la philosophie et il est particulièrement critique envers cette science dans son livre « Tefaha al Falasafa ». Il affirme que les déclarations des philosophes frisent carrément la mécréance, comme par exemple ce qu'ils disent sur l'omniscience de Dieu, la préexistence de l'univers et la résurrection physique.[4] Mais « Tefaha al Tefaha » Ibn Rouchd a parfaitement répondu aux critiques de Ghazali en ces termes: "le désaccord entre la religion et la philosophie provient des affirmations philosophiques de ceux qui se prennent pour sages et philosophes alors qu'ils ne reflètent même pas la philosophie. Celui qui maitrise la philosophie et sa démarche rationnelle comprend bien qu'il n'existe aucune contradiction entre la philosophie et la religion".[5]
L'affirmation évidente des grands philosophes musulmans comme Molla Sadra est une autre preuve soutenant cette déclaration que la vraie philosophie n'est pas contraire aux principes religieux. Il précise dans son livre « Asfar arba'a » : " Maudit et à bas la philosophe qui cherche à s'opposer aux fondements de la religion"[6]
Non seulement les partisans de la philosophie ont répondu aux détracteurs, ils soulignent également son importance. Pour eux l'humanisme au sens réel du terme est l'épanouissement de l'homme grâce aux fruits de la philosophie. En effet, la valeur de l'homme dépend de la manière de concevoir et d'adopter les choses. Un homme avec grand H est celui qui en plus de s'appuyer sur ses sens sait très bien tirer profit de son potentiel rationnel. La philosophie renforce les capacités rationnelles de l'homme. Donc, le vrai homme est celui qui se sert correctement de son intellect (pour résoudre les problèmes fondamentaux et déterminants) et trace une ligne générale pour la vie. C'est grâce aux efforts philosophiques que l'homme peut répondre aux questions capitales.[7]
On peut donc conclure que la philosophie n'est pas mauvaise car on n'a aucun argument convaincant pour s'opposer à elle.
[1]- Introduction à la philosophie, Mohammad Taqi Misah Yazdi, vol 1, page 91, édition internationale pour la publication, 7ème impression, 1386 hégire solaire
[2]-introduction à la philosophie, vol 1, page 137
[3]- introduction à la philosophie, vol 1, page 138
[4]- Tehafa al falasafa, Mohammad Ghazali, page 44, édition Beyrouth
[5]- Faslou makâl, ibn Roushd, page 26
[6]- Asfar arba'a, Molla Sadra, vol 8, page 303, Daroul ma'aref islamiyya, 1378, Téhéran.
[7]- introduction à la philosophie, vo 1, page 135