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Date de mise à jour: 2011/09/06
Condensé de la question
Pourquoi devons nous dire que c’est Dieu qui a créé les choses de l’univers ?
Question
Pourquoi devons nous dire que c’est Dieu qui a créé les choses de l’univers ? Pourquoi ne peut-on pas dire par exemple que la planète terre est dérivée d’une autre planète qui à on tour vient d’une autre planète, ainsi de suite jusqu’à parvenir à une planète d’origine qui n’est pas apparue ; on utilise la même démonstration de la chaîne infinie pour arriver à Dieu qui n’est pas venu à l’existence. S’il en est ainsi, on peut dire qu’il n’existe pas un Dieu.
Résumé de la réponse

un argument mal compris est évoqué dans la question de ce cher interlocuteur ; d’autre part, il a cru qu’on peut appliquer les attributs de Dieu (la source de tout) aux créatures limitées issue de la matière et déduire finalement que Dieu n’existe pas. Raison pour laquelle nous devons dans un 1er temps présenter clairement l’invalidité de la chaîne infinie, puis une fois la signification de Dieu élucidée, nous expliquerons pourquoi cet être (Dieu) ne provient pas de la matière.

1- La chaîne infinie est une démonstration dans laquelle les choses se suivent et s’enchainent de manière à ce qu’on n’arrive jamais à la fin : une succession infinie en quelque sorte. Les philosophes jugent impossible la théorie de la chaîne infinie dont les maillons respectent un ordre réel regroupé dans l’existence.

Farabi démontre l’absurdité de l’argument de la chaîne dans les causes réelles en affirmant que si dans la succession des causes et effet chaque cause devient à son tour l’effet d’une autre cause, on peut dire à propos de l’ensemble de la chaîne que ses éléments ont tous besoins d’une autre cause. Ce qui revient à dire qu’il faut à la tête de cette chaîne une autre cause qui n’est l’effet d’aucune autre cause. Ainsi, la succession des causes aura un début et un commencement. Selon le principe de la fondamentalité de l’existence et la subordination de l’essence de l’effet à la cause, une autre conception se dégage sur le caractère infini des causes vitales. Autrement dit, si derrière chaque succession des causes (subordonnées chacune) il n’existe aucun être absolu souverain, cela impliquera que les subordinations se sont opérées sans aucune partie subordonnée.

2- Dieu est la préexistence éternelle, la nécessité suprême de l’existence. Son essence n’a besoin de rien ; comment peut-on dire « nous arrivons à une planète (qui fait partie de la matière) qui n’a plus besoin d’un autre être » or tout ce qui relève de la matière est dépendant car il a besoin de tous les éléments qui le compose. En d’autres termes en rejetant la succession infinie des causes nous confessons implicitement qu’il existe la cause 1ère c’est-à-dire l’existence d’un être indépendant, suprême par essence et qui n’a pas besoin d’une cause. Une source originelle absolue sur laquelle repose et dépend toute la création. Aucun élément de la matière comme la planète ne porte ces spécificités dans sa nature. En effet, la plunète appartient au règne de la matière et tout ce qui relève de la matière est contingent et subordonné à l’existence suprême.

Réponse détaillée

un argument mal compris est évoqué dans la question de ce cher interlocuteur ; d’autre part, il a cru qu’on peut appliquer les attributs de Dieu (la source de tout) aux créatures limitées issue de la matière et déduire finalement que Dieu n’existe pas. Raison pour laquelle nous devons dans un 1er temps présenter clairement l’invalidité de la chaîne infinie, puis une fois la signification de Dieu élucidée, nous expliquerons pourquoi cet être (Dieu) ne provient pas de la matière.

En guise d’introduction de la chaîne infinie est une expression philosophique décrivant le caractère continu et infini de l’ordre des choses. Les philosophes jugent cette théorie impossible et absurde, surtout s’il ‘agit de l’ordre et la succession qui réunissent les choses qui existent réellement.[1]

Des arguments sont présentés pour montrer que l’idée de la succession infinie s’avère impossible. Dan son raisonnement, Farabi (connu sous le nom l’Assadou Akhbar) dit ceci : « supposons une succession d’êtres dont les maillons sont interdépendants, de manière qu’un maillon ne tient que si l’autre le précède ; donc tous ces maillons dépendent de l’existence d’un autre. En effet, on suppose que tous les maillons ont cette particularité et qu’il faut un être à la tête de cette chaîne, un être qui ne dépend absolument de rien d’autre. Sans cet être les maillons de la chaîne n’existeront jamais dans l’ordre. Donc cette ne se prétende infinie à partir de début. Bref la succession infinie des causes impossibles. Dans sa théosophie transcendante, Molla Sadra présente un raisonnement similaire pour prouver l’absurdité de la succession infinie des causes. Selon lui, la fondamentalité de l’existence et le lien qu’entretiennent l’effet et la cause vitale stipule que chaque effet dépend de la cause qui l’a engendré. Cela se répète si la cause précédente dépend d’une autre cause au dessus d’elle. Si nous considérons une chaîne de cause à effet dans laquelle les différents éléments dépendent incontournablement les uns aux autres, cette chaîne demeura subordonnée. Et il est évident qu’un être dépendant ne saurait exister que s’il est soutenu par celui qui l’a engendré il faut obligatoirement derrière cette chaîne continue un être indépendant pour donner un sens aux autres. On ne peut donc considérer cette chaîne absolue et sans début.[2]

Cette explication laisse comprendre que nous avons besoin d’un être absolument indépendant à partir duquel découleront les autres êtres et qui seront liés à lui. Cet être n’est rien d’autre que ce que nous appelons « Dieu » et que les philosophes désignent par « Existence fondamentale » ou « Nécessité fondamentale ». En d’autres termes, ce n’est pas n’importe quel être qu’on peut considérer comme tête de fil de la chaîne de causalité. Cet être ne doit être subordonné à rien d’autre. On peut s’interroger à présent sur comment aboutir à la planète terre qui appartient à la matière sans dire qu’elle n’a besoin de rien dans son existence. Son ancienneté lui confère –t-elle le statut originelle fondamental et non contingente ?

1- Il y a deux formes d’existence. Une existence contingente et l’autre originelle et fondamentale. Le contingent aussi se divise en deux ancien et récent par rapport au temps/ toute chose qui est la source dont une chose a besoin est la cause et non une contingence temporelle.[3] C’est-à-dire que toute chose qui dans le niveau de son essence ne mérite pas être a besoin d’une cause, pas parce qu’elle n’était pas il y a un temps et qu’elle est apparue après.[4]

2- Tout ce qui relève de la matière ne peut s’ériger en cause 1ère sur laquelle toutes les autres créations doivent puiser leur vie,[5] En termes plus clairs, doté des accessoires et n’ayant pas existé en soi avant, même s’il est ancien par rapport au temps. La matière exprime des limites et des contours avec beaucoup de besoins tels que les organes (s’il s’agit d’un corps)… Or l’existence fondamentale est éternelle, infinie, sans limite ni contour. Il est abstrait et n’est guère composé d’organes palpables ou même conçus dans la tête. Qui dit limite dit d’espace or l’existence fondamentale est absolue et illimitée.[6]

En conclusion, refuter la théorie de la chaîne infinie nous conduit à l’existence fondamentale, la cause première indépendante, souveraine dans sa nature à partir de laquelle découlent toutes les autres choses. Aucun élément du monde de la matière n’est doté de telles caractéristiques. La terre n’a pas cette particularité parce qu’elle appartient au règne de la matière et donc contingent et créée ; son existence dépend entièrement pour démontrer l’existence de Dieu. Vous pouvez consultez les thèmes suivants pour en savoir davantage :

1- Connaitre Dieu, question 479 (site 520)

2- Preuves de l’existence et comment Dieu crée, question 1286 (site 1330)

3- La nature innée et la connaissance de Dieu, question 1041 (site 1105)



[1]- Introduction à la philosophie, Misbah Yazdi, vol 2, page 80

[2]- Introduction à la philosophie, vol 2, page 81-82

[3]- Nehaya al hikma, Mohammad Hossein Tabataba’I, page 231, 233, Institute Nashr islami.

[4]- Ousoul Falsafeh, Sayyed Mohammad Hossein, Mortadha Motahari, vol 5, page 150

[5]- Sharh ul Isharât Nasrodine ibn Hasan Tousi, vol 3, page 60-61

[6]- Nihaya al Hikma, chapitre4, page 276- 278

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