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Il faut dire ceci à propos du lien entre l’âme et le corps : Le corps est un degré parmi les degrés de l’âme et de l’esprit. Donc en réalité c’est le corps qui est dans l’âme et l’esprit et non le contraire. La théosophie démontre que l’âme a des degrés parce qu’elle est complète, parfaite et porte la vie par excellence. Et le corps est l’un des niveaux inférieur de l’âme et l’un de ses stades. En conclusion, l’âme et l’esprit sont les forces qui portent le corps. Le corps est dans l’âme et ce n’est pas, l’âme qui est dans le corps.
Démontrer le rapport entre l’âme et le corps est une question qui préoccupe sérieusement encore la philosophie de l’âme. Il y a deux évidences incontestables pour tous les savants :
1- On remarque deux dimensions diamétralement opposées dans la vie de l’homme : une dimension abstraite caractérisée par les choses telles que la conscience, la volonté, le moi, la joie, la tristesse, les sentiments, la douleur… Aucune particularité physique ne correspond à ces éléments et on ne peut non plus les évaluer ou les mesurer en se servant d’un organe du corps. La deuxième dimension est essentiellement composée des éléments physiques et charnels (les organes du corps)
2- Malgré leur différence, les éléments physiques et abstraits entretiennent une relation profonde et particulièrement complexe. Jusqu’ici, les philosophes et les penseurs ne s’accordent sur la démarche à suivre pour exposer et démontrer le rapport entre ces deux dimensions de la vie de l’homme. Un chercheur écrit ceci: « La question de l’âme et le corps est une préoccupation philosophique qui remonte jusqu’à l’antiquité, même comme une nouvelle orientation sur ce débat s’est dessiné depuis Descartes. Certains philosophes pensent que la réponse à beaucoup de questions telles que la conscience, le moi, la survie de l’esprit de l’homme après la mort physique, les maladies psychiques, le libre arbitre ou la différence entre l’âme des hommes et celle des animaux… Dépend de la réponse que nous présentons sur le rapport entre l’âme et le corps. Ces problèmes laissent apparaitre cette vérité que l’âme et le corps ont des caractéristiques très opposées, mais entretiennent des relations très complexes. Introduire une simple aiguille dans la main provoque une douleur atroce. Comment est-ce que ce changement physique se solde par une expérience douloureuse ? Comment la douleur pousse-t-elle le corps à réagir sans l’aide d’aucun facteur pouvant l’engendre ? Peut-on ramener quelqu’un à la conscience par une simple disposition des particules de la matière, les atomes, les molécules, les cellules, leur agencement et leurs mouvements extrêmement complexe ? Ce n’est pas un travail facile et malgré les efforts des philosophes aucun résultat n’a été obtenu jusqu’à présent. L’écart entre ces deux particularités est si grand que leur système de relation demeure encore inconnu. Tous les progrès scientifiques et philosophiques n’ont pas réussi à apporter des réponses satisfaisantes à ces interrogations. [1] Dans les exemples cités, seuls les neurologues peuvent expliquer ce qui se passe dans le système nerveux. Quant à savoir si les états de l’âme ou l’esprit sont des processus relevant uniquement des nerfs, seuls les philosophes peuvent tenter de répondre à cette question.[2] De toutes les manières, il faut se tourner d’abord vers les avis des philosophes pour élucider la question.
Avis des philosophes sur la relation entre l’âme et le corps.
Lorsqu’on se penche sur les points de vue des philosophes à propos de l’âme et le corps on remarque deux visions : « uniformité « et « diversité ». En effet certains rejettent l’existence de l’âme et estiment que l’homme n’est rien d’autre qu’un assemblage d’organes et de chair ; cette théorie est reconnue aujourd’hui sous l’appellation de « ceci n’est rien d’autre que cela ». D’autres philosophes défendent plutôt la thèse du « dualisme ou la coexistence de deux éléments différents ». Toutefois, on peut attribuer la meilleure explication sur le rapport âme-corps à la théosophie transcendante (Hekma al mota’âliyya) qui présente l’âme et le corps comme « dualité et homogénéité ». D’ailleurs, comme on peut détecter l’avis des philosophes contemporains dans des anciens philosophes sur le rapport entre l’âme et le corps, nous allons aborder la question dans cette nouvelle perspective en développant brièvement les deux avis évoquées.
- Le dualisme
Depuis les temps anciens jusqu’à présent, les philosophes expliquaient la nature de l’homme par une sorte de dualité. Les philosophes considéraient l’homme comme être faisant partie de la matière car c’est une créature qui physiquement appartient à ce monde et composée des particules matérielles disposées dans le règne des êtres vivants avec ses lois. Cependant, l’homme d’une autre substance qui n’a rien à voir avec la matière : il s’agit de « l’âme » ou « l’esprit ». Platon disait par exemple que chacun de nous possède une âme absolue, divine inchangeable et un corps constitué dégradable. C’est-à-dire que le corps est uniquement un moyen pour assurer notre présent dans le monde de la matière, une étape éphémère du voyage éternel de l’âme. En termes plus précis, Platon ne disait pas que nous sommes des créatures dotées d’âmes, mais il laissait plutôt comprendre que nous formons une même chose avec l’âme. C’est-à-dire que chaque homme équivaut à une âme et c’est tout. C’est l’âme qui détermine la nature de l’homme.[3]
De toutes les façons, la nouvelle philosophie cartésienne s’articule autour du dualisme du cogito. Selon sa démarche, il affirmait : « d’un côté je pense donc que je suis une chose pensante restreint de l’autre côté j’existe comme corps, uniquement en tant que chose continue et non pensante. Dons c’est une certitude que je suis en réalité distinct de mon corps et je peux exister sans lui »[4] Selon Descartes, la particularité essentielle de la matière est le prolongement du lieu ou l’occupation massive de l’espace. Or l’âme est naturellement caractérisée par « la pensée ou le cogito ». Descartes entend par « pensée », un processus complet des états et des fonctions de l’âme telles que l’observation, la sensation, la perception, le jugement et le doute suivi de la réflexion au sens propre. L’écart qui distingue les caractéristiques de ces deux substances ne les empêche de s’influencer mutuellement.[5]
Critique de la théorie de la dualité de l’âme
Deux points constituent les problèmes essentiels se dégageant de cette théorie :
1- De même que la dualité de l’âme et le corps est une évidence, l’unicité de ‘homme en est une aussi. Le dualisme n’apporte aucune explication susceptible de résoudre l’antagonisme et l’incompatibilité de ces deux points.
2- Le corps est matériel tandis que l’âme est immatérielle. Le dualisme ne fournit non plus aucune explication sur le rapport et l’interaction entre le corps et l’âme.
La théosophie transcendante et la théorie du « corps comme stade inférieur de l’âme »
Dans la perspective de la théosophie transcendante, le corps et l’âme forment une entité homogène au-delà de leur différence. La théosophie transcendante croit en la dualité de l’âme pas dans l’optique cartésienne qui décrit l’âme et le corps comme deux entités totalement distinctes, mais selon la vision qui défend l’unicité dans la distinction. En effet, la théosophie transcendante estime que l’âme est dotée d’une uniformité qui ne contraste pas avec la pluralité puisqu’elle est absolue et caractérisée par un pouvoir existentiel. C’est une entité marquée par la pluralité dans l’unicité et l’unicité dans la pluralité. Cette théorie permet d’établir une relation très profonde entre l’âme et le corps. Le professeur Hassan Zadeh Amoli explique ainsi cette théorie : « le corps est un stade inférieur de l’âme et l’âme constitue tout le corps. Le corps est la matérialisation de l’âme, celui qui dévoile ses perfections et ses forces dans ce monde »[6]
Grâce à cette théorie, la théosophie transcendante a pu facilement résoudre beaucoup de problèmes de la philosophie occidentale. Elle a apporté une solution au 1er problème (le contraste entre le dualisme et l’unicité) en démontrant que l’unicité de l’âme se présente comme le parfait reflet qui ne s’oppose pas à la pluralité. Et comme l’unicité en soi est absolue et générale au sens décomposé, elle n’est pas limitée par l’absoluité, mais y est présente préalablement. La dissociation de l’absolu du général pour la restreindre s’opère de manière à ne pas laisser apparaitre une distinction qui viendra opposer l’absolue et le particulier. C’est-à-dire pas sous la forme substitutive ou répulsive. La pluralité rime avec la manifestation de cette essence et non au sens d’une existence distincte opposée à l’une. Donc l’âme et e corps peuvent former une cohésion malgré leur différence. La théosophie transcendante résout aussi le 2ème problème à travers le mouvement substantiel et le caractère matériel de l’occurrence de l’âme, et aussi en ramenant la causalité à la révélation, elle a pertinemment démontré la relation l’âme et le corps. Les arguments et les méthodes de démonstration de l’unicité de l’âme et le corps.
En se fondant sur quelques évidences on peut déduire que le corps est un stade de l’âme.
a- Tout être humain sait naturellement qu’il est fait de deux éléments distincts : un aspect immatériel et l’autre matériel.
b- Chacun sait très bien qu’il a une personnalité et une identité auxquelles on attribue tous les actes et œuvres. Quelque chose qu’on a fait depuis des années, on dit toujours : « c’est moi qui l’ai faite », tout en sachant que le corps s’est métamorphosé à plusieurs reprises pendant longtemps allant de l’enfance à la vieillesse en passant la jeunesse et l’âge adulte. L’âme et le corps forment alors une même chose et non des réalités adhérentes. L’homme est donc un être hiérarchisé allant du niveau supérieur (la raison, le raisonnement, le discernement) vers le niveau inférieur (le corps charnel) qui forme une même personne.[7]
c- La seule explication rationnelle dans la démonstration du lien entre deux choses unies et homogènes consiste à présenter la manifestation, l’apparence et l’expression. La relation entre le corps et l’âme correspond à celle de la manifestation, l’apparence et l’expression qui à cause de l’origine et la capacité de l’âme classent le corps à un niveau inférieur de l’âme.
1- Deuxième argument (la preuve expérimentale ou l’interaction entre l’âme et le corps)
2- Cette argumentation passe par deux raisonnements :
1- l’âme et le corps s’influencent mutuellement
2- l’interaction entre deux choses instaure une sorte d’unité entre elles. La mineure (la seconde proposition d’un syllogisme est une évidence pour ceux qui maitrisent la psychologie ; même ceux qui ne croient pas en l’existence de l’âme reconnaissent que les fonctions de l’âme et du corps s’influencent mutuellement. Mais nous devons affirmer ceci à ce propos de la majeure (la proposition d’un syllogisme) : selon la théorie transcendante qu’il existe une unicité entre les choses qui agissent l’une sur l’autre. Les choses opposées dans leur nature ne peuvent pas s’influencer mutuellement. Donc la relation de cause à effet traduit une certaine union.
Pour plus d »explication nous nous inspirons de ceci pour démonter comment l’action de l’âme sur le corps prouve que ce dernier est le stade inférieur de l’âme : si nous pesons un homme à un âge donné, on peut juger qu’à cet âge et avec ce poids, il est capable de soulever telle charge ou parcourir telle distance multipliée plusieurs fois. Nous constatons que le poids de son corps n’a pas changé. D’où viennent alors cette vivacité et cette agilité ? Une chose est sûre, elles ne viennent pas du corps qui demeure identique par rapport aux deux situations. Si l’âme était de la même nature que le corps, deux corps joints devaient avoir un même poids quelle que soit la situation. Cette différence résulte de la force de l’âme viva nte et le corps est un stade inférieur de cette âme vivante. Donc cette agilité, ce poids, la prouesse, le saut, le dynamisme, la beauté ; l’enchainement et les différentes activités du corps allant du système nerveux, le système digestif, les battements du cœur, l’inspiration, l’expiration, la contraction, la dilatation et toutes les autres fonctions cognitives relèvent de l’âme qui se manifeste, apparait sur le corps et prend des noms en fonction des situations et des sentiments.[8]
En conclusion, on retient de cette théorie que le corps est dans l’âme et l’esprit et non le contraire.[9] L’âme est absolue et possède un pouvoir existentiel donc le corps n’est qu’un aspect parmi d’autres.
[1]- L’auteur fait apparemment allusion à la philosophie répandue en occident et non la théosophie transcendante (Hekma al mota’aliyya)
[2]- Diwani Amir, traduction persane et introduction de la philosophie de l’âme page 11 et 12, auteur, William Day, Hart et autres, édition Sourouch, Téhéran, 1381 hégire solaire
[3]- id, page 12 et 13
[4]- Philosophie de l’âme, page 13
[5] - id, page 14
[6]- Hassan Zadeh Amoli, commentaire de al Oyoun, page 215, édition de l’institut Amir Kabir, 1 ère publication, Téhéran, 1371 hégire solaire
[7]- Ma’refat ul nafs, Hassan Zadeh Amoli, leçon 25, 1er tom, page 69 et 70
[8]- Id, leçon 28, page 71, 72
[9]- Hassan Zadeh Amoli, commentaire d’al Oyoun, page 218, édition de l’institut Amir Kabir, 1ère publication, Téhéran, 1371 hégires solaires