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Les oulémas chiites, outre l'acceptation du principe de l'Etat islamique, s'accordent, presque unanimement, à considérer ( soit dans le cadre de la théorie de désignation et soit dans le cadre de la théorie d'élection), le jurisconsulte( Faghih), comme le gouvernant et non pas comme le représentant du peuple dans la gestion des affaires de la société. En revanche, d'aucuns ont prétendu que la politique ou la gouvernance, étant une affaire partielle, muable et expérimentale, ne s'inscrit pas dans le cadre des prescriptions immuables divines et sont, en général, en dehors du cycle des devoirs, des obligations et des prescriptions théologiques. Selon la base de cette conviction, l'Etat islamique est, généralement, exclu et se trouve même à l'opposée du rang de la gouvernance des imans infaillibles. Il s'agit d'une autre figuration de la question de la gouvernance dont l'auteur croit présenter une nouvelle initiative dans l'histoire de la pensée politique. Les allégations et les prétentions qui sont mises en avant dans le cadre de cette théorie, surnommée la théorie de la copropriété sont :
1- La propriété de l'homme sur l'espace privé qu'il choisi pour vivre, est une propriété privée, exclusive et naturelle, n'ayant pas besoin de la crédibilité ni du contrat.
2- S'agissant d'un espace plus grand, à savoir l'environnement, l'homme a une copropriété naturelle n'ayant pas besoin ni de la crédibilité ni du contrat.
3- S'agissant de la souveraineté sur une terre dans le sens du mandat d'un individu ou d'un groupe, ce sont les copropriétés qui entrent en jeu.
4- Si tous les copropriétaires ne parviennent pas à se mettre, à l'unanimité, d'accord sur un mandataire, on passera au choix de la majorité.
Cette théorie repose d'une part sur le projet de la copropriété pour le peuple et de l'autre sur le projet du mandat du gouvernant de la part des copropriétaires. Ce, alors que, premièrement, la copropriété du peuple sur une terre n'a aucun appui et support juridique et deuxièmement, même en cas de l'existence d'un mandataire de la part de tous les copropriétaires d'une terre, chacun d'entre eux peut résilier le mandat et destituer, ensuite, le gouverneur. Par conséquent, selon cette théorie, le gouvernant ne dispose pas ni de la souveraineté ni de l'autorité, qui sont, d'ailleurs, indispensables pour chaque Etat. Or, la théorie du " mandat" est, en substance, dépourvue de toute base et de toute preuve juridique et politique.
Les oulémas chiites, y compris le vénéré imam Khomeiny (que sa demeure soit au paradis), s'accordent, majoritairement, sur la théorie de la désignation du jurisconsulte comme le gouvernant de la société islamique. Conformément à cette théorie, le jurisconsulte dispose, en se référant à la preuve de Vélayate-Faghig, d'un rang et d'une autorité tutelle pour la gouvernance et la gestion des affaires de la société islamique. Et c'est le Législateur saint qui l'y a désigné, quoique que la désignation du jurisconsulte ayant toutes les conditions requises, se fasse, dans le cadre d'une législation, par le peuple. Les partisans de la théorie de l'élection 1[1]croient que le Législateur saint de l'Islam a permis au peuple de choisir comme son leader l'un des jurisconsultes ayant des conditions requises. Les oulémas chiites, outre l'acceptation du principe de l'Etat islamique, s'accordent, presque unanimement, à considérer ( soit dans le cadre de la théorie de désignation et soit dans le cadre de la théorie d'élection), le jurisconsulte( Faghih), comme le gouvernant et non pas comme le représentant du peuple dans la gestion des affaires de la société.2[2] En revanche, d'aucuns ont prétendu que la politique ou la gouvernance, étant une affaire partielle, muable et expérimentale, ne s'inscrit pas dans le cadre des prescriptions immuables divines et sont, en général, en dehors du cycle des devoirs, des obligations et des prescriptions théologiques. 3[3] Selon la base de cette conviction, l'Etat islamique est, généralement, exclu et se trouve même à l'opposée du rang de la gouvernance des imans infaillibles. 4[4] Il s'agit d'une autre figuration de la question de la gouvernance dont l'auteur croit présenter une nouvelle initiative dans l'histoire de la pensée politique. Abstraction faite de la question de la séparation de la religion et de l'Etat et le rejet du rang de la gouvernance de la société islamique par des imams infaillibles qui sont, tous les deux contraires à l'esprit de la religiosité et aux principes irréfutables du chiisme, nous procéderons, seulement, à l'examen de leur théorie politique et nous en expliquons et évaluons les qualités et les défauts, conformément aux critères juridiques et politiques. Dans le souci de ne pas fatiguer les lecteurs, nous résumons en quelques phrases cette théorie, appelée la théorie de la copropriété et présentée comme le fondement de la novelle philosophie politique, et nous nous contenterons de dire:
L'homme, un être vivant et dynamique, est doté de libre arbitre. Or, chaque acte qu'il commis, est, conçu comme un phénomène, purement, naturel. L'homme s'est, sa nature vivante et dynamique oblige, choisi, un endroit pour vivre. Et c'est de choix naturel que naît un lien exclusif coercitif, appelé " la propriété privée". Cette propriété privée est appelé la propriété privée exclusive, car l'homme vit dans un endroit privé qui lui appartient, exclusivement. La copropriété aussi entre en jeu, lorsqu'on parle de l'environnement où vit l'homme. Or, il d'agit de ceux sortes de propriétés qui sont à la fois naturelle et privée. En d'autres termes, les gens qui ont choisi un même endroit et un même environnement à vivre, disposent, à la fois, de la propriété privée, exclusive et de la copropriété. Car, ils ont, le droit individuel et indépendant à la propriété sur leur domicile et le droit de la copropriété sur l'environnement qui les entoure. Ces gens qui sont copropriétaires de leur terre, mandatent, selon le bons sens, une personne ou une délégation pour déployer tous ses efforts, se donner tous les moyens et consacrer tout son temps pour établir une coexistence pacifique entre eux et leur offrir ainsi une vie meilleure. Et faut d'un accord consensuel à cet effet, la seule option ultérieure qui restent aux copropriétaires de cette terre est d'avoir recours à la souveraineté de la majorité sur la minorité, tout comme les héritiers qui devront se mettre d'accord sur la désignation d'un mandataire ou d'un arbitre pour partager ce qui leur légataire leur a laissé en héritage et pour exercer ainsi leur propriété personnelle sur leur part successorale ainsi que pour défendre, si nécessaire, face aux autres prétendants. Faut d'un un tel accord à l'unanimité, la seule solution ultérieure qui leur reste est de choisir, à la majorité, un mandataire. 5 [5]
Les prétentions de cette théorie sont les suivantes:
1- La propriété de l'homme sur l'espace privé qu'il choisi pour vivre, est une propriété privée, exclusive et naturelle, n'ayant pas besoin de la crédibilité ni du contrat.
2- S'agissant d'un espace plus grand, à savoir l'environnement, l'homme a une copropriété naturelle n'ayant pas besoin ni de la crédibilité ni du contrat.
3-S'agissant de la souveraineté sur une terre dans le sens du mandat d'un individu ou d'un groupe, ce sont les copropriétés qui entrent en jeu.
4- Si tous les copropriétaires ne parviennent pas à se mettre, à l'unanimité, d'accord sur un mandataire, on passera au choix de la majorité.
La première prétention, empruntée d'un débat juridique en droit privé et prise ensuite la forme d'une nouvelle théorie avec une couverture philosophique, ne peut s'avérer exacte que une terre qui n'a pas d'autre propriétaire que la personne qui l'a occupée et l'a rendue utilisable. 6[6]
La seconde prétention n'a ni une preuve ni dans l'ensemble une sens, proprement dit. Car jusqu'où s'étend cet espace plus grand qu'est l'environnement qui entoure l'homme ? Est-ce que cela se borne à son quartier ou cela comprend également son village, sa ville, voire son pays ou toute la planète ? Peut-être, c'est pour apporter les éléments de la réponse à cette question, qu'il est dit : " En vertu de la doctrine de la copropriété personnelle, le pays c'est l'espace ouvert et libre que des hommes limités ont choisi, d'une manière indécise et par nécessité, comme leur territoire pour vivre avec les membres de leurs familles". 7 [7] Mais, cette déclaration n'enlève en rien l'ambiguïté de cette prétention, car cela montre pas pourquoi les habitants des villages iraniens frontaliers avec l'Irak ne sont pas copropriétaires d'une partie ou de tout le territoire irakien, mais qu'ils sont en Iran, les copropriétaires des territoires beaucoup plus lointain ? En tout état de cause, si quelqu'un s'empare d'une terre qui n'a pas de propriétaire, pour quelle raison, il pourra avoir un droit à la propriété sur les terres des autres ou sur les terres avoisinantes ? Et comment pourra-il encore prétendre être copropriétaire des territoires lointains ?
Si nous acceptons la troisième prétention et considérons le gouvernant comme un représentant, choisi, par les copropriétaires d'un territoire, nous nous rendons compte que le mandant peut résilier le mandat de son mandataire, car le mandat régi par la jurisprudence 8[8] est contrat susceptible d'être résilié par le mandant à chaque moment qu'il souhaite. Ce résultat est avoué dans cette théorie. 9[9] Par conséquent, un tel Etat est, du point de vue de la philosophie politique, ne dispose d'aucune base du pouvoir. Car, ici, le gouvernant n'est qu'un mandataire qui est obligé de se soumettre aux revendications et aux exigences de son mandant. Ceci dit, le mandant n'est contraint à suivre son mandataire même il s'agit d'une affaire liée à son domaine particulier du mandat. A titre d'exemple, si quelqu'un mandate une personne pour vendre sa maison, à un prix précis, le mandataire n'est pas en mesure d'obliger le mandant, à signer le contrat de la vente. Cela étant, dans le cadre de son mandat, il peut le faire, à titre personnel. En d'autres, selon cette théorie, le gouvernant ne dispose pas ni de la souveraineté 1[10]0 ni de l'autorité 1[11]1. Alors que comme nous venons de l'indiquer, ces deux éléments sont indispensables pour chaque état. Or; cette doctrine qui ne fournit pas une image logique du pouvoir pour l'Etat, ne peut pas être conçue comme une théorie politique acceptable.
La quatrième prétention est en contradiction avec le principe de la copropriété privée. Car, lorsque des gens sont copropriétaires d'un bien, il faut l'accord et le consentement de tous pour pouvoir s'en emparer. Il n'y a aucune raison qu'une majorité d'entre eux s'en empare, sans l'accord de la minorité. Par conséquent, si tous les héritiers ne se mettent pas sur le mandat d'une personne particulière, cette dernière ne peut pas s'emparer du bien concerné avec le consentement de la majorité d'entre eux. Or, cette théorie ne peut pas justifier la souveraineté de la majorité sur la minorité et le fait de prétendre qu'il d'autre solution que cela, invalide la théorie de la copropriété. D'autre part, même en cas de la désignation d'un mandataire par tous les copropriétaires d'un bien, chacun d'entre eux peut résilier le mandat et destituer le gouvernant, car il s'agit d'un contrat susceptible d'être résilié. Or, dans le cadre de cette théorie, le gouvernant n'a aucune autorité sur les gens et chacun d'entre eux peut le destituer. Cela étant, peut-on aborder cette théorie dans le cadre de la pensée politique ? En tout état de cause, la théorie du " mandat probant, est une théorie sans fondement et dépourvu de toute base et preuve juridique, philosophique, et politique. Compte tenu de la transparence et de la solidité de la théorie du Vélayate-Faghih d'une part et la faiblesse et l'humiliation de la théorie du mandat de l'autre, il n'y a aucun besoin de défendre " le Vélayat-e Faghih face à la théorie du mandat, bien que certains aient essayé de le faire" 12[12]
Pour plus d'information :
Mahdi Hadavi Tehrani, Velayat et religiosité, l'institut culturel de Khaneh Kherad, Qom, deuxième édition, 2001.
[1] Index: Vélayate-Faghih et la désignation( 26)
[2] R.F : Montazéri, Vélayate-Faghih, pp. 531-532
[3] R.F : Mahdi Haeri Yazdi, La sagesse et l'Etat, pp.64-65
[4] Ibid, pp.171-172
[5] R.F: Mahdi Haeri Yazdi, la Sagesse et l'Etat, pp. 100-107
[6] R.F Majlesi, Bahar ol-Anvar, t. 76, p. 111, le hadith 10.
7-R.F : Mahdi Haeri Yazdi, la Sagesse et l'Etat, p. 113.
[8]Le mandat a deux sens, diamétralement, opposés: Le mandat juridique régi par la jurisprudence islamique est un mandat qui permet au mandataire de s'occuper de toutes les affaires juridiques de son mandant. Il s'agit d'un mandat susceptible d'être résilié. Il y a également le mandat politique où le mandataire ne peut s'attribuer qu'une partie des droits et des prérogatives de son mandant, qui sont soumis, d'ailleurs, à la loi. Or, là, c'est un mélange entre ces deux sens du mandat.
[9] R.F: Mahdi Haeri Yazdi, La sagesse et l'Etat, p. 120
[10] Sovereignty
[11] Authority
[12] R.F : Javadi Amoli, Vélayat-e Faghih, pp. 110-112.