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L’extase gnostique et mystique est un état de ravissement d’esprit qui découle du détachement de l’homme de son moi restreint plein de turpitude pour accéder au véritable moi et la symbiose avec celui-ci. En réalité c’est la manière mystique dans laquelle l’homme lui-même se débrouille seul à atteindre le point d’unité. Cet état a des niveaux et des formes que nous aborderons dans la réponse détaillée.
A – L’extase
L’extase gnostique et mystique est un état de ravissement d’esprit qui découle du détachement de l’homme de son moi restreint plein de turpitude pour accéder au véritable moi et la symbiose avec celui-ci. En réalité c’est la manière mystique dans laquelle l’homme lui-même se débrouille seul à atteindre le point d’unité. Dans cet état l’homme se détache de tous les souvenirs douloureux et toutes les pensées vaine et plonge dans une tranquillité et une exultation profonde. L’homme égaré a souvent recours aux éléments externes comme des substances enivrantes, l’alcool ou la drogue pour essayer par contrainte de s’oublier pour un bout de temps, fuir les peines et se réconcilier avec son existence loin de toutes ces peines. Une illusion car dès que l’effet de la drogue s’estompe il refait face à son misérable moi et chaque jour il construira davantage un esprit plein de peines. Or les gens qui initient leur âme par la purification et la connaissance de soi entre naturellement dans cet état car grâce à la connaissance de l’Absolu il s’est libéré du moi humiliant, de tous les péchés, de leurs répercutions et de remémoration. Sous l’effet des perceptions de l’âme et de l’attraction il ressent l’extase mystique sans avoir besoin d’aucune substance enivrante et des méthodes sataniques. L’exultation mystique trop appliquée dans notre jargon gnostique relève de ce domaine.
Aujourd’hui, la médecine, la psychologie et la parapsychologie essayent de décrire cet état. Elles ont exploité les résultats des syntomes cérébrales et physiques pour donner des définitions à l’extase. Ils définissent l’extase comme un état particulier dans lequel le corps plonge dans un sommeil profond (relaxation) tout en étant totalement conscient et éveillé. Cet état est constamment accompagné d’une tranquillité particulière. Avec la remise en marche du système nerveux parasympathique, la normalisation des réactions biologiques, on peut susciter cet état par la concentration et l’insinuation.
B – Méthode et voie d’acquisition de l’extase
Comme on l’a dit, l’extase peut sous la forme s’acquérir de deux manières. L’une de manière naturelle, c’est-à-dire par la voie de la connaissance de Dieu et la libération des péchés et des souvenirs douloureux, l’autre par le biais des substances extérieures telles que l’alcool, LSD (acide lysergique diéthylamide) la drogue et bien d’autres produits dopant avec lesquels on se trompe, on cherche à fuir sa personnalité sociale en s’oubliant artificiellement et en noyant sont moi dans l’illusion éphémère. Dans l’extase artificielle, l’homme obtient un résultat provisoire un peu semblable à son état réel. Mais une fois qu’il revient à lui il subit une perturbation, un trouble et une peine plus douloureuse encore qui l’éloigneront davantage de Dieu. Il tend ainsi chaque jour vers la perversité, la débauche, la démence et l’injustice. L’extase artificielle donne à l’homme une idée générale de l’extase naturelle. La trance signifie exactement l’extase mais accessible de deux manières : la méthode infernal et la méthode paradisiaque. Donc l’extase en soi est réelle mais elle a une forme provisoire (artificielle) douloureuse et une forme permanente (mystique) paradisiaque.
C – Les niveaux d’extase naturelle
1 – Sokr ou l’ivresse mystique (sokr)
Sokr ou l’ivresse mystique est le fruit de la rencontre avec le maitre (le vieux ou l’imam) gnostique. En voyant son bien-aimé spirituel en éveil ou dans le rêve, l’initié exulte de joie au point d’avoir l’impression d’avoir atteint la vraie perfection or ce n’est que le début du parcours. On peut désigner cet état d’ivresse par la foi gnostique. Car ce genre d’ivresse comparée au niveau d’union avec l’Absolu est semblable à la foi religieuse. Amir Sayyed Ali Hamdani dit ceci à propos de l’ivresse : « Le sokr est l’entrée effrayante sous forme de domination qui empêche aux sens de percevoir les choses sensibles et atterre l’âme de faire la différence entre l’objet visé et l’évadé »[1]
En termes plus simple, l’ivresse se produit à la suite de l’entrée de l’importé plein de grandeur dans l’âme de l’homme. La domination de cet état provoque l’extase et une sorte de faiblesse et d’insouciance par rapport aux objets autour de soi. L’âme et l’esprit plongent dans un pseudo évasion par rapport aux pensées extérieures. Au point que le sujet reste insensible à la rencontre avec les bonnes choses ou les phénomènes effrayants
Il repartie l’ivresse en deux : l’ivresse formelle et l’ivresse spirituelle. L’ivresse qu’il décrit ici est l’ivresse spirituelle.
2 – Tafakkour ou la méditation (morakibat-ul-kobrâ)
Khojeh Nasirdine présente la méditation comme la 29ème dans les cent que doit braver l’initié qui tend vers Dieu. Cela vient de la persévérance de l’initié. La méditation au niveau de l’âme est l’expression de l’unicité et au niveau du nafs, c’est abstraction.[2] Plonger dans la réflexion dans la culture hindoue est désigné par « samadi » ou « méditation ».
3 - Zikr ou le rappel
Le rappel est l’état qu’on acquiert à la suite de la méditation. La différence entre la méditation et le zikr se situe ici : méditer c’est chercher et rappeler c’est trouver.[3]
4 – Bast ou déploiement
Cet état découle du niveau de la mélodie. C’est l’ouverture de l’âme, du temps et de l’effort pour aller à Dieu.[4]
5 – Inbisât ou détente
Elle vient à la suite du déploiement. Il s’agit de solliciter le rapprochement et la rencontre.[5]
Sem’â ou écoute
Elle vient après la détente et n’a rien à voir avec la danse. C’est un état qui se manifeste à l’intérieur et peut apparaitre à l’extérieur aussi.
Comme le disent les théosophes, l’écoute consiste à réveiller l’âme et se précipiter dans l’aisance et arroser la plante.[6] Dans la gnose islamique, on traduit souvent l’état d’extase par « l’écoute ». En termes plus précis, l’écoute est une forme d’extase naturelle. L’écoute en réalité est l’adoration des saints et des gnostiques intermédiaires. Selon Sheikh Abdoul Kader Guilani, l’écoute doit d’abord être sissimulée. Ensuite on la vit dans le cœur et enfin on la sent sur les organes.[7] S’appuyer sur l’adoration apparente est une forme de négligeance par rapport à l’esprit de la chose qui n’est rien d’autre que l’exultation et l’élévation spirituelle assimilée à l’idolâtrie.[8] Selon Shams Tabrizi qui insiste sur l’écoute, l’élévation et l’écoute constitue la meilleure dévotion. Selon lui « naghmat ul Allah » le son sur lequel il faut s’accrocher et « le saint coran » est l’écoute et le facteur de « manifestation et de la perception de Dieu ».[9] Pour Shams, l’écoute pour les gens qui vivent cet état comme un devoir vital.[10] Il affirme que l’écoute est l’unique « élixir » grâce à laquelle on peut franchir toutes les étapes d’initiation en gnose.[11]
7 – Exaltation
C’est le fruit du champ d’information, un feu allumé entre la pierre de la volonté et le fer du besoin. Il est sous trois formes : l’exaltation de l’âme, l’exaltation du cœur et l’exaltation de l’esprit.[12] Amir Sayyed Hamdani dit au sujet de l’exaltation : « C’est une pénétration invisible qui donne l’espoir aux initiés par rapport à l’acquisition de l’assistance et sa crainte. Le plaisir de la joie et l’affliction des peines en sont influencés.[13]
8 – Moukâshifa ou découverte
C’est le fruit de l’âme. C’est la rencontre de la conscience avec Dieu. Elle a trois signes : Solliciter l’immersion de l’âme dans le rappel, la réplétion est un secret dissimulé et l’illumination de la conscience.[14]
9 – La joie
Elle vient après la découverte.[15]
[1] - Mahsharib Azvâq, Sayyed Ali Ibn Shahboudine Hamdani p 47, les éditions Molla Téhéran, 1382 hégire solaire, deuxième impression.
[2] - Epitre des cent carrefours, Abdoullah Ibn Mohammad Ansari, p 52, Qom les éditions Hodhor, 1385
[3] - Id, p 57
[4] - Id, p 104
[5] - Id, p 105
[6] - Id, p 106
[7] - Al fathul rabbani, Abdoul Kader Ibn Abou Saleh guilani, p 37, les éditions Ehsâne, Téhéran, 1378 hégire solaire.
[8] - Quiconque fait passer l’adoration avant l’arriver à Dieu l’aurait associé
[9] - Samâ’, irfan et Mollavi, Sayyed Mohammad Ali Modarresi, p 178, Téhéran, les éditions Yazdan, 1378 hégire solaire
[10] - Id , p 18-179
[11] - Id, p 181
[12] - Epitre des cent carrefour, Abdoullah Ibn Mohammad Ansari, p 108, Qom les éditions Hodhor, 1385
[13] - Mahsharib Azvâq, Sayyed Ali Ibn Shahboudine Hamdani p 46-47, les éditions Molla Téhéran, 1382 hégire solaire, deuxième impression.
[14] - Epitre des cent carrefour, Abdoullah Ibn Mohammad Ansari, p 111, Qom les éditions Hodhor, 1385
[15] - Id, p 111-112