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Date de mise à jour: 2010/05/10
Condensé de la question
Comment l’islam concilie-t-elle l’incompatibilité entre la science et la religion?
Question
Certaines découvertes scientifiques ne concordent pas avec les éclaircissements religieux. Comment l’islam admet-elle cela?
Résumé de la réponse

L’incompatibilité entre la religion et la science est un débat introduit dans le cadre christianisme. Pour résoudre ce problème, l’Islam doit tenir en compte certains paramètres.

1- Dans l’étude des saintes écritures ; il faut tenir compte des exceptions ( des arguments qui apportent certaines précisions pour lever l’équivoque sur une généralité ou des exceptions qui orientent la compréhension d’un concept pris au sens large du terme) afin d’éviter de coller de manière générale une théorie à la religion et croire pratiquement à la contradiction de science avec elle. Donc aborder les versets et les hadiths requiert une attention particulière.

2- La raison et le discernement sont islamiquement des critères de validation disposés par Dieu en l’homme. La religion accepte donc toute théorie établie en moyen d’arguments irréfutables et qui constitue dès lors les éléments d’exceptions sous entendu dans les versets et les hadiths.

3- En matière d’incompatibilité, il ne faut pas mélanger les causes spirituelles mentionnées dans les textes religieux au sujet de certains phénomènes et les causes matérielles.

4- Face aux découvertes scientifiques et aux théories, il faut distinguer les théories et les thèses dont toutes les hypothèses n’ont pas encore été envisagées avec les axiomes établis après soumission de toutes les hypothèses et éventualités possibles. Car, les théories perpétuellement en mutation ne peuvent être incompatibles avec les principes religieux constants et stables. Donc, il faut faire attention chaque fois qu’on est face à un résultat scientifique et éviter de prendre les données non prouvées pour des axiomes établis.

Réponse détaillée

Après le Moyen-âge, l’apparition des nouvelles sciences et le difficile contact entre elles, l’Eglise et la Bible de manière générale (qui avaient une interprétation plutôt inappréciable des concepts scientifiques) le problème de l’incompatibilité de la science et la religion vit jour. Le progrès de la science et les découvertes sonnèrent la fin de la gloire du Christianisme.[1] Pour régler ce conflit, certains avancèrent ceci : «  Le langage de la religion n’est pas celui de la raison et l’expérimentation dont il est supérieur. Les gens comme Kirkgour pensent que tout ce qui relève de l’intelligence et des découvertes humaines est hors du cadre de la foi. »[2]

La question de l’incompatibilité entre la science et la religion initialement orientée sur le christianisme fut transplantée dans les enseignements islamiques par un groupe de gens qui n’avaient pas pris la peine de considérer certaines précisions des croyances islamiques avec les sciences.[3] Pour résoudre cette incompatibilité interposée entre la science et la religion, nous devons évoluer en deux sens et analyser d’un côté les enseignements religieux, et de l’autre les découvertes scientifiques.

A- LES ENSEIGNEMENTS RELIGIEUX.

Aborder la question de l’incompatibilité entre la science et la religion dans la perspective religieuse exige d’abord un certain nombre d’éclaircissements sur certains points :

1- Lorsqu’on consulte les sources religieuses (le saint Coran et la Sunna) il faut tenir compte des exceptions et des précisions contenues dans un jugement ou un principe. Aussi longtemps qu’on n’a pas étudié un principe islamique pour voir s’il n’y a pas de dérogations ou de particularités, il faut s’abstenir d’y porter un jugement général et relatif. Pour mieux se comprendre on cite un exemple des textes sacrés. Le saint Coran reconnait dans le miel les vertus curatives pour l’hommes.[4] Si quelqu’un comprend plutôt que le miel est un remède pour tous les maux et qu’après on se rend compte qu’il est nuisible pour une telle maladie, on va déduire finalement que les saintes Ecritures sont incompatibles avec les découvertes scientifiques. Or le verset ne déclare pas que le miel est un remède pour tous les maux. Au sujet du même verset, Fakhr Razi évoque le même problème : «  Dieu ne dit pas que le miel est un remède pour n’importe quel mal, destiné à tout le monde ou applicable à tout moment. Le miel fait partie des remèdes ».[5] En terme plus technique et logique on parlera de jugement absurde en se focalisant sur une petite partie de la proposition. Il faut prendre en considération ce point lorsqu’on est face à un discours extrait de nos sources religieuses pour éviter de généraliser hâtivement un jugement.

2- Contrairement aux théories de certains occidentaux, la raison et les arguments rationnels occupent une place importante dans la religion islamique. En effet, la raison et le discernement sont considérés comme les messagers disposés en l’homme ; l’adoration d’un doué de discernement est meilleure que celle des autres[6]. De la même manière que les citations admettent manifestement des exceptions, les arguments tirés des textes religieux acceptent aussi des exceptions. Par exemple, il est écrit dans certains hadiths - si on s’accorde sur la crédibilité de leur chaine de transmission - qu’une maladie ne se transmet d’une personne à l’autre.[7] Or la science a prouvé que certaines maladies sont extrêmement contagieuses. Dans ce genre de situation, on ne peut pas vraiment parler d’incompatibilité, car ces preuves scientifiques irréfutables, fruit de la connaissance et de l’expérience de l’homme, agissent comme des preuves rationnelles et pratiques. C’est-à-dire que le hadith ne fait pas allusion à toutes les maladies, mais à celles qui n’ont aucun agent pathogène susceptible de causer une contamination. Il faut donc remarquer que le contraste ici apparait entre la raison et la citation et non entre la raison et la religion. Car les connaissances religieuses s’acquièrent à la fois par la raison et les textes.

3- Parfois certains hadiths n’expliquent pas les causes matérielles et physiques d’un phénomène. Ils expliquent justes les causes spirituelles et métaphysiques qui peuvent susciter une incompréhension entre la science et la religion en cas de confusion avec les causes physiques (Les causes métaphysiques sont horizontales aux causes physiques, dans ce sens que, une fois les causes métaphysiques d’un phénomène établies, un cadre propice pour l’émergence des causes physiques se crée ; ce qui fait naître le phénomène.

Par exemple, nous avons des hadiths qui stipulent que le séisme résulte des péchés que les gens commettent, et de l’autre côté la science dit que le tremblement de terre est un phénomène naturel résultant d’une série d’activités naturelles progressives ou spontanées qui s’exercent dans la terre. Il ne faut pas tomber dans le piège de l’incompatibilité en disant : Finalement les péchés des gens sont-ils à l’origine des tremblements de terre ? Ou n’ont-ils rien à voir avec tout cela : c’est la conséquence directe des activités souterraines de l’écorce terrestres ? En effet, la religion explique les raisons spirituelles de ce phénomène qui placent les péchés comme les causes spirituelles. Et il n’ya a aucun problème s’il faut que les activités se déroulent lorsqu’un tel phénomène veut se produire dans le monde de la matière. Il faut dont distinguer les causes physiques des causes métaphysiques.

B- A PROPOS DES DECOUVERTES SCIENTIFIQUES.

Le problème de l’incompatibilité de la science et la religion par rapport aux découvertes scientifiques et aux inventions requiert quelques explications concernant certains points :

1- Chaque fois qu’on aborde la science il faut d’emblée faire la part des choses entre les théories ou les éventualités hypothétiques non établies et les règles scientifiques irréfutables. Aussi longtemps qu’une hypothèse ou une théorie scientifique n’aura pas été établie à cent pour cent et fait foi de loi, on ne peut pas le confronter comme étant contradictoire avec les sources religieuses. Tous simplement parce qu’elle est encore à la phase théorique et sont contraire peut être prouvé demain, ou bien elle est encore dans une phase où son efficacité n’a pas encore été prouvée sur tous les cas et toutes les personnes concernées dans les discours religieux. Dans ce cas, il n’y a absolument pas de contradiction avec le discours absolu des textes sacrés. Oui ! Si jamais il s’avère qu’il y a  incompatibilité entre la théorie et les saintes Ecritures, il faudra chercher à résoudre ce contraste.

2- L’autre point sur la science dont il mérite de s’appesantir est que dans la philosophie de la science, d’aucuns pensent que les théories scientifiques ne reflètent pas les réalités extérieures et quelles reposent plutôt sur le fruit de l’imagination des hommes qui, à la recherche des profits, se lancent dans l’étude des phénomènes de l’univers. Par exemple, la théorie de l’évolution de Darwin ne cherche vraiment pas à prouver que l’homme est un descendant de singe, mais il affirme seulement que si on essaye d’envisager cela, certaines choses inconnues sur l’homme trouveraient des réponses. Cette théorie qui est pratiquement à la mode en philosophie est désignée comme l’objet de supposition.[8] C’est ainsi que certains estiment qu’il n’existe pas d’incompatibilité entre la science et la religion. Car ce que dit la religion est la réalité, tandis que la science surfe sur les mythes montés pour tirer des intérêts.

3- Certains déclarent que le champ d’action de la religion est différent de celui de la science. Car on ne peut parler d’incompatibilité entre deux choses que si elles s’appliquent à un même sujet et que des jugements différents soient portés dessus. Ce n’est pas le cas entre la religion et la science.

AYAN BORBOUR dit d’ailleurs à ce propos : «  en matière de sciences, les analystes ont une vision’’ hypothétique’’, c’est-à-dire qu’ils se basent sur les théories afin de projeter la réalité, tel est l’objet essentiel de la science. Par contre la religion s’oriente très souvent vers «  la recommandation  et l’approbation d’un style de vie », « Manifester la soumission à une série de préceptes moraux ».[9]

En dépit des éléments positifs qui se dégagent de cet avis, son problème demeure l’insouciance face à une partie du langage de la religion qui explique les vérités naturelles. Dans tout livre sacré - y compris le Saint Coran - on y parle du vent, de la pluie et autres phénomènes naturels qu’on ne peut nier. On ne peut pas minimiser certains discours religieux mentionnés dans les saintes Ecritures tout simplement pour chercher à éviter les contradictions et se contenter de se focaliser sur d’autres aspects. Certes, la religion impose la ‘’soumission à Dieu’’ ou recommande et approuve un style de vie. Mais cette même religion parle de la science et prête à confusion en faisant croire à une incompatibilité entre elle et les données scientifiques. Il faut donc trouver une solution.[10]

Il faut savoir enfin que le saint Coran, les saintes Ecritures révélées de l’Islam n’est non seulement pas incompatible avec les sciences expérimentales, mais il constitue un grand miracle scientifique. C’est-à-dire qu’elle fait allusion aux éléments et aux points scientifiques que les sciences expérimentales n’ont pas encore découverts après des siècles. Par exemple, il est écrit dans le verset 125 de la sourate An’am en comparaison aux égarés dont la poitrine se resserre : « … Comme s’il cherchait désespérément à montrer en l’air et ( à cause de cette ascension’) il sent sa poitrine se resserrer et la respiration lui devient difficile ». Or, il n’ya pas longtemps, les experts en science expérimentales croyaient que l’air n’avait ni poids ni pression. C’est en 1643 que le mathématicien et physicien italien Evangelista Torricelli démontra l’existence de la pression atmosphérique qui fut à la base de l’invention du baromètre. Après des siècles et après avoir compris que la pression atmosphérique, un phénomène autour de la terre, et son harmonie avec la tension artérielle dans le corps humain permettent de maintenir la constance entre la pression interne et la pression externe. Une découverte qui confirma la comparaison du verset coranique.[11]

Avec les mutations et les changements progressifs que connaissent les sciences expérimentales, ainsi que d’autres éléments qui ont été expliqués, on réalise que les enseignements pertinents de l’islam n’ont absolument pas d’incompatibilité avec les sciences établies et prouvées. Les sciences démonstratives sont des preuves de Dieu dans un cadre expérimentale. Elles ne contredisent pas les textes sacrés venant de Dieu et contenus dans le Saint Coran et les traditions qui nous sont parvenus par le biais des Infaillibles (as).[12]

Pour en savoir plus :

1- Comparaison entre la religion et la science, question 210.

2- L’islam et la rationalité, question 987.



[1] Fondements scolastiques de l’IJIHAD, HADDI TEHRANI, page 313.

[2] Fondements scolastiques de l’IJIHAD, HADDI TEHRANI, page 315.

[3] Fondements scolastiques de l’IJIHAD, HADDI TEHRANI, page 315.

[4] «Guérison pour les gens » sourate NAHL :69.

[5] Tafsir Kabir sur le verset concerné et safinat-ul BAHAR, vol 3, page 483.

[6] Safinat-ul Bahar, vol 3, page 541.

[7] Resumé de Miqibâs-ul- Hidaya, Ali Kabir Ghafari, page 48.

[8] Javadi Mohsen et Amini Ali Reza, Maaref Islami, vol 2, page 40.

[9] Ayan Borbour, la science et la religion, page 153-155, cité par Maaref Islami, vol 2, page 43.

[10] Amini Ali Reza, Javad MOhsen , MAaref ISlami, vol 2, page 43.

[11] Ulumi Qor’ani, Mohammad Hadi Ma’refat, page 425.

[12] Extrait de l’étude entre la religiçon et la science de Javad Amoli en date du

12/ 02/ 2005, séance de cours de commentaire du Coran.

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